samedi 23 avril 2011

ÉLECTIONS CANADIENNES : A BAS LE CIRQUE ÉLECTORAL, VIVE LA LUTTE PROLÉTARIENNE!

Le 2 mai prochain le cirque parlementaire jouera son énième représentation au Canada pour l’élection d’un nouveau gouvernement fédéral. Les divers partis de la bourgeoisie se sont rués pour participer à cette mascarade une fois de plus et pour convaincre les travailleurs qu’en votant pour eux ils amélioreront leur sort!

Pendant ce temps les conditions de vie de la classe prolétarienne continuent de se détériorer avec notamment des suppressions d’emploi, comme avec la fermeture annoncée pour 2012 de l’usine d’électroménagers Electrolux située dans la ville de l’Assomption au Québec. Les attaques contre les acquis sociaux(Note 1 des CIK), gagnés grâce à de dures luttes ouvrières, se poursuivent partout au Canada, comme avec le dernier budget du ministre des Finances Raymond Bachand au Québec. Les frais de scolarité des universités québécoises, qui sont historiquement les plus bas en Amérique du Nord, vont augmenter de 325$ par année à compter de 2012 dans le but de rattraper la moyenne canadienne, passant de 2168$ (leur niveau actuel) à 3793$ pour chaque année de scolarité! Les cotisations au régime de retraite québécois ont aussi été augmentés, accroissant ainsi les ponctions sur le revenu prolétarien, et une hausse des pénalités de 0.5% à 0.6% pour ceux et celles qui prendront leur retraite avant 65 ans a été institué. A Toronto, principale ville canadienne, le maire nouvellement élu en 2010 Rob Ford, veut privatiser la majeure partie de la collecte de déchets, la Société d’habitation de Toronto et «tout ce qui n’est pas coulé dans le ciment», autrement dit une bonne partie des services publics de cette ville. Le but est de faire baisser le plus possible les conditions de travail des prolétaires qui travaillent dans les services publics. Le dernier budget du gouvernement Harper en mars dernier a institué une augmentation les cotisations au régime d’assurance-emploi, diminué les impôts des grandes entreprises, gelé les dépenses d’exploitation des sociétés d’États comme Radio-Canada et Postes Canada pour bloquer toute hausse salariale pour les employés, etc.

Tout ceci n’est qu’un avant-goût de ce qui attend la classe ouvrière canadienne, car les effets de la crise capitaliste qui va s’intensifiant obligent la bourgeoisie à accroître son exploitation en s’attaquant toujours plus à ses conditions de vie et de travail, y compris en rognant les acquis concédés autrefois pour maintenir la paix sociale. Le prolétariat ne pourra y répondre que la lutte, pas par les élections.

En effet, contrairement au mythe répandu par la classe dominante, ses médias monopolisés, les institutions bourgeoises (école, églises, etc…) et par les partis et syndicats réformistes (Voir la note 2 des CIK) , les élections ne représentent nullement une quelconque expression d’une «volonté populaire». L’orientation des politiques gouvernementales est déterminée par les intérêts des grands groupes capitalistes dont l’État bourgeois est un serviteur. Les élections ne servent à rien sinon à mystifier le prolétariat en lui faisant croire que son bulletin de vote peut contribuer à faire «changer les choses». Elles font perdurer les illusions démocratiques, selon lesquelles tous les «citoyens» sont égaux et l’Etat est une institution neutre obéissant gentiment aux bouts de papier déposés dans les urnes, et qu’il n’est donc pas besoin de la lutte de classe. Ces illusions, qui sont un obstacle majeur à la reprise de la lutte des classes, contribuent à maintenir le mythe puissant à l’effet que les institutions démocratiques peuvent servir à faire avancer les intérêts du prolétariat, alors que les institutions politiques de la démocratie bourgeoise sont au service exclusif de la classe dominante et sont utilisées pour réprimer la lutte prolétarienne.

Un des aspects de ces élections (la quatrième en 7 ans!) est la campagne, initiée par la gauche réformiste, qui appelle à ne pas voter pour le Parti Conservateur du premier ministre Stephen Harper, au pouvoir depuis janvier 2006, et qui serait particulièrement dangereux et réactionnaire. Nul doute que ce parti soit profondément rétrograde et anti-ouvrier, mais en quoi est-il si différent des autres partis bourgeois?

Le Parti Libéral du Canada a représenté le principal parti de la bourgeoisie canadienne depuis la Confédération de 1867 et a constamment attaqué les droits et intérêts du prolétariat, notamment avec la Loi sur les mesures de guerre en 1970 sous le prétexte de mater une insurrection appréhendée au Québec. Le chef du PLC, Michael Ignatieff, vient de promettre qu’il poursuivra l’intervention impérialiste canadienne en Afghanistan s’il est réélu! Quand il était au pouvoir dans les années 90, le Parti Libéral a sabré sauvagement dans l’assurance-chômage et a détourné des fonds destinés à ce programme pour éponger le déficit fédéral!

Le Nouveau Parti Démocratique, membre sur le papier de la IIème Internationale réformiste, axe son discours sur l’aide aux familles ou l’amélioration des soins de santé pour les aînés. Le Bloc Québécois régionaliste, nationaliste bourgeois, ne parle que des «intérêts du Québec», comme si les travailleurs et les patrons québécois avaient des intérêts similaires!

Quant au Parti Vert du Canada, il propose tout simplement d’humaniser la gestion de l’environnement à l’intérieur du capitalisme, qui est pourtant le responsable de la détérioration continue de l’environnement. Tout ceci dévoile on peut plus clairement les fausses alternatives qui nous sont présentées par le cirque électoral et démontre l’imposture de la campagne Tout sauf Harper qui s’insère parfaitement dans la défense du système capitaliste d’exploitation en mettant de l’avant un «moindre mal» au Parti Conservateur. Les promoteurs de cette campagne sont des adversaires de classe des prolétaires au même titre que les Conservateurs.

Tous les partis représentés au Parlement canadien ont voté à l’unanimité en faveur de l’intervention impérialiste en Libye sous le prétexte de «protéger la vie des civils libyens»! Le Parti Vert se prononce en faveur d’une «intervention diplomatique rapide et soutenue en Libye afin d’empêcher la situation de dégénérer en guerre civile». « Nous ne devons pas perdre de vue notre priorité – prévenir la mort d’innombrables civils libyens innocents », a rappelé Ellen Michelson, porte-parole des verts en matière de Paix et de Sécurité. « Les efforts diplomatiques doivent faire contrepoids à la présence militaire pour faire en sorte d’éviter au maximum les pertes de vie et les dommages structurels ». Tout ce verbiage représente un appui à peine déguisé à la guerre impérialiste contre la Libye enrobé de «préoccupations humanitaires». La campagne électorale détourne l’attention des prolétaires de leurs intérêts immédiats, mais elle détourne aussi l’attention des interventions impérialistes en cours.

Le parti de la gauche réformiste et petite-bourgeoise au Québec, Québec Solidaire participe pleinement à la campagne contre les Conservateurs. Il dénonce notamment les politiques de droite que ce parti a mis en vigueur et son obsession sécuritaire, commune à tous les gouvernements bourgeois et insiste sur le fait que les orientations du gouvernement Harper iraient à «l’encontre de valeurs largement partagées par la population québécoise : justice sociale, défense de la culture et de la langue française, égalité entre les femmes et les hommes, développement d’un Québec vert, respect des droits humains, solidarité internationale, démocratie» (1). Une phraséologie typiquement petite-bourgeoise et nationaliste qui ne fait aucune mention de la classe ouvrière et de la lutte des classes et qui propage les illusions d’un possible monde «meilleur» sous le joug du capital! Quant à l’obsession sécuritaire des Conservateurs, il est important de rappeler le système des certificats de sécurité qui permettent de mettre en détention sans accusations ni jugement des personnes immigrantes qui n’ont pas la citoyenneté canadienne sous le prétexte de «terrorisme». L’appel à ne pas voter pour le parti Conservateur représente simplement un soutien à une fraction de la classe dominante, considérée comme étant plus «éclairée», contre une autre qui serait plus réactionnaire. Le prolétariat n’a absolument aucun intérêt à se laisser enrôler dans cette campagne qui vise à maintenir intacte la domination de classe de la bourgeoisie.

Des militants d’extrême-gauche, dont les maoïstes du Parti Communiste Révolutionnaire, ont lancé une campagne pour le boycott des élections fédérales de 2011 (2). C’est une campagne démocratique de boycott des élections. Ses promoteurs n’appellent pas les prolétaires à boycotter les élections afin de faire avancer la rupture avec les illusions démocratiques et le retour à la lutte de classe, mais parce que ces élections ne sont pas assez démocratiques ! Ils disent que leur campagne de boycottage leur servira à montrer la nature « non-démocratique » de ces élections et à appeler à la lutte pour une « démocratie populaire » et un « pouvoir populaire » ; apparemment cette lutte consistera à… « commencer la conversation sur comment créer une véritable égalité et une véritable démocratie » ! Puisqu’ils s’efforcent de renforcer les illusions dans la démocratie, il est naturel qu’ils ne parlent pas de la division du « peuple » en classes opposées et qu’ils cachent qu’il ne pourra exister de « véritable égalité » qu’après la révolution, la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration de la dictature du prolétariat, étape indispensable pour démanteler le capitalisme et passer à la société communiste sans classes.

Pour ces élections, comme pour toutes les autres, la seule position qui correspond aux intérêts de classe du prolétariat est l’abstentionnisme révolutionnaire. Ceci correspond aux positions défendues par la Gauche Communiste dès les années vingt (3).

La force du prolétariat, dont l’exploitation fait vivre toute la société bourgeoise, ne réside que dans son action collective, menée et organisée sur des bases de classe. Le terrain électoral, par définition interclassiste, où chaque prolétaire va isolément déposer son bulletin aux côtés des individus de toutes les autres classes, est un terrain truqué qui ne sert que la classe dominante. D’une part parce que celle-ci a mis sur pied et entretient un gigantesque et multiforme appareil (médias, partis, institutions diverses…) anti-prolétarien de propagande et de formation de l’ « opinion publique » ; d’autre part parce que le parlement et tout le système politique démocratique ne sont plus depuis longtemps des centres du pouvoir réel dans la société bourgeoise : leur fonction principale est de dévier le mécontentement dans les méandres des alternances inoffensives entre politiciens bourgeois de droite et de gauche. Pour se défendre contre l’exploitation et la répression, pour lutter contre la politique bourgeoise, pour exprimer sa solidarité avec les prolétaires des autres pays, la classe ouvrière devra abandonner ses illusions démocratiques, légalistes et pacifistes et en venir à l’affrontement ouvert avec la classe exploiteuse. La lutte prolétarienne ne passe pas par le cirque électoral et les institutions démocratiques bourgeoises, elle les combat ! Les prolétaires n’ont rien à gagner à participer aux élections bourgeoises où le capitalisme est toujours le vainqueur ! La seule solution pour le prolétariat au Canada et partout dans le monde c’est la reprise de la lutte de classe pour la défense de ses intérêts exclusifs de classe et ensuite pour le renversement du système capitaliste d’exploitation sous la direction du parti politique de classe.

Non au cirque électoral ! A bas le capitalisme, à bas l’impérialisme !

Pour le retour à la lutte de classe, pour la reconstitution du parti de classe international, pour la révolution communiste internationale !

Parti Communiste International

www.pcint.org

(1) http://www.quebecsolidaire.net/actualite_nationale/elections_federales_au_quebec_c’est_non_aux_conservateurs

(2) www.boycott2011.ca

(3) Voir les Thèses sur le parlementarisme de la Fraction Communiste abstentionniste, dirigée par Amadeo Bordiga : «... dans les pays ou le régime démocratique a depuis longtemps achevé sa formation, il n’existe plus, au contraire, aucune possibilité d’utiliser la tribune parlementaire pour l’oeuvre révolutionnaire des communistes, et la clarté de la propagande non moins que la préparation efficace de la lutte finale pour la dictature exigent que les communistes mènent une agitation pour le boycottage des élections par les ouvriers... La dangereuse conception qui réduit toute action politique à des luttes électorales et à l’activité parlementaire n’a été que trop répandue par la pratique ultra-parlementaire des partis socialistes traditionnels»

http://marxists.org/francais/bordiga/works/1920/06/bordiga_19200627.htm

1- Note des CIK: Les supposés "acquis sociaux gagnés de haute lutte par la classe ouvrière" sont en fait plutôt des transformations économico-politiques, c'est-à-dire une tendance internationale au capitalisme d'État, mis sur pied par des organismes tout à fait bourgeois : les syndicats, les partis staliniens et sociaux-démocrates dans le but de maintenir le capitalisme, que de réels gains pour la classe ouvrière.

2-Note des CIK : Tous les syndicats sont réformistes. Dans le capitalisme en décadence, il ne peut y avoir des syndicats révolutionnaires. Nous considérons les syndicats comme des organismes liés à l’État par mille et un fils, lois, subventions et concertations. Changer les directions syndicales ou essayer de transformer les syndicats est impossible tant leurs liens avec l’État capitaliste sont organiques. Ceci implique le rejet des syndicats rouges ou anarchistes

Les Communistes Internationalistes Klasbatalo (CIK) n'ont aucun lien organisationnel avec le Parti Communiste International et ne partagent pas toutes ses positions politiques.

mardi 5 avril 2011

Brochure d'archive: La question du syndicalisme au Québec

C’est autour d’une lutte perdue par la faute du syndicat que des ouvrières de la chemise, de la fourrure, de la chaussure et des chemins de fer se regroupent pour constituer l’Atelier Ouvrier. Très vite, leur analyse les amène à comprendre que leur défaite est attribuable aux structures mêmes du syndicalisme. Ils produisent alors le texte La question du syndicalisme au Québec.
Ce texte d’archive de 72 pages, publié en décembre 73 par l’Atelier Ouvrier, tout en critiquant les syndicats, analyse point par point les clauses d’une convention collective d’ouvriers de la chaussure. Même si le texte reflète quelques illusions sur les syndicats, par exemple, quand il hésite entre « pousser sur le syndicat » ou créer des comités de luttes indépendants du syndicat ou bien quand il mentionne que La principale raison d’être du syndicalisme… c’est la convention collective. C’est une vision restreinte des syndicats alors que leur véritable rôle est un de sabotage des luttes ouvrières tout en étant des organisations qui travaillent à la préservation du capitalisme. L’AO représentait quand même un écoeurement de prolétaires vis-à-vis du syndicalisme au début des années 70. Le sabotage des luttes du mouvement ouvrier par les syndicats ne date pas d’hier. Le texte montre aussi très bien comment les syndicats sont liés pieds et mains à l’État bourgeois par des lois, subventions et concertations, bref ils font partie de l’État.
Fin décembre 74, l’Atelier Ouvrier disparaît parce qu’il a été phagocyté par l’organisation maoïste En Lutte! Les maoïstes se sont chargés d’orienter ces militants vers la position syndicale stalinienne i.e que ce sont les directions syndicales qu’il faut changer et non pas lutter en dehors des syndicats. Les syndicats n’étant pour eux qu’un instrument pour renforcir le capitalisme d’État.

Les communistes internationalistes Klasbatalo

Extraits de La question du syndicalisme au Québec :
« …Ainsi on peut déjà donner une première définition du syndicalisme que nous complèterons plus loin. Le syndicalisme apparaît d’abord comme la FORME D’ORGANISATION CAPITALISTE DE LA CLASSE OUVRIÈRE. Précisons ces termes.
Le syndicalisme est la forme d’organisation capitaliste de la classe ouvrière. C’est-à-dire est le mode regroupement des ouvriers qui tentent de défendre leurs intérêts économiques – salaires et conditions de travail – contre les patrons. Mais cette façon de s’organiser est dite capitaliste parce qu’elle correspond à la naissance et au développement du capitalisme, autour du 19e siècle. Avant, les ouvriers étaient organisés autrement parce que les patrons du temps régnaient de façon différente et que les conditions de travail et de production étaient aussi différentes.
Cette façon de s’organiser est dite capitaliste aussi parce qu’elle obéit, à peu de choses près, aux mêmes règles de fonctionnement que celle régnant dans l’entreprise capitaliste.
Cette dernière affirmation a deux sens. D’abord elle signifie comme nous le disions plus haut, que le syndicalisme est développé parallèlement au capitalisme. Ensuite, elle signifie que dans ses structures, son organisation interne, ses RÈGLES DE FONCTIONNENT, sa hiérarchie, le syndicalisme fonctionne à peu près comme l’entreprise capitaliste.
C’est-à-dire que dans le syndicalisme, il y a la BASE et le SOMMET. Le sommet décide pour la base qui n’a pas grand chose à dire. En un mot, il y a des BOSS dans le syndicalisme comme dans l’entreprise. De plus, même si initialement le syndicalisme a été construit pour défendre les intérêts des travailleurs, aujourd’hui il semble plus souvent qu’autrement que ce sont les travailleurs qui sont faits pour financer le syndicalisme. En effet, le syndicalisme n’a plus son ardeur des débuts.
Pourquoi? Parce qu’il est devenu une INSTITUTION RESPECTABLE DU SYSTÈME ÉTABLI. Parce que le système actuel a passé des lois qui régissent le fonctionnement du syndicalisme, des luttes ouvrières, des griefs, de la négociation, etc… Ces LOIS LIMITENT l’action du syndicalisme et par là EMBRIGADENT la classe ouvrière dans un CARCAN JURIDIQUE qui lui lie les pieds et les mains.
La troisième raison pour laquelle le syndicalisme est dit la forme d’organisation capitaliste de la classe ouvrière réside précisément dans ce dernier point. À cause des nombreuses LOIS RÉGISSANT la pratique syndicale, le syndicalisme est obligé d’entretenir des relations avec l’ÉTAT, plus particulièrement avec le MINISTÈRE DU TRAVAIL.
Ainsi le syndicalisme est-il toujours en situation de DÉPENDANCE vis-à-vis des pouvoirs publiques. Une des preuves en est donnée par les multiples rapports que les centrales syndicales envoient au gouvernement pour que celui-ci n’agisse pas de façon trop défavorable à la population.
Mais cette intervention de l’ÉTAT dans le domaine des relations de travail a eu un effet crucial sur le syndicalisme. En effet au début du 19e siècle on ne faisait pas de distinction – à juste titre d’ailleurs – entre la lutte économique des travailleurs et les combats politiques qu’ils menaient pour s’affranchir des patrons.
Les luttes économiques sur les conditions de travail et de salaires n’étaient pas aussi séparées au plan de L’ORGANISATION DES TRAVAILLEURS des luttes politiques qu’aujourd’hui. Or depuis plus de cent ans les interventions de l’État dans le domaine des relations de travail ont délimité les règles de la pratique syndicale, son champ d’action, etc… Parallèlement le syndicalisme surtout nord-américain, se perfectionnait dans la négociation collective et laissait à d’autres le soin de mener les actions politiques. C’est de là que date la séparation entre lutte économique et combat politique. Or pour la classe ouvrière, lutte économique et combat politique devraient être une seule et même chose. L’un impliquant l’autre… »
« …Qu’est-ce qu’une convention collective? C’est un contrat de travail qui lie le patron et le syndicat. C’est-à-dire que les deux parties s’entendent sur les conditions de la vente du travail des ouvriers.
Il y a donc des ouvriers qui sur le marché du travail offrent leur capacité de travail. Sur le même marché, s’amènent les patrons qui ont besoin de la FORCE DE TRAVAIL des ouvriers.
Le syndicat est l’intermédiaire par lequel l’achat et la vente de la force de travail des ouvriers se règlent. Le syndicat est le COMMERÇANT EN GROS d’une marchandise qui s’appelle la force de travail et qui concrètement est constituée par des hommes et des femmes qui doivent travailler pour gagner leur vie.
Mais pour qu’il y ait contrat entre le patron et le syndicat, il faut que les deux parties se reconnaissent légalement l’une et l’autre. Or, cette reconnaissance légale entre le syndicat et le patron IMPLIQUE la reconnaissance de toute une série de POSITIONS SOCIALES et de RAPPORTS DE FORCE.
Cette reconnaissance légale des deux parties dans et par la convention implique qu’il y ait des travailleurs c’est-à-dire des hommes et des femmes qui doivent nécessairement vendre leur capacité de travail à des patrons. VENDRE leur FORCE DE TRAVAIL parce qu’ils ne peuvent pas vendre autres choses. Vendre parce qu’ils ne peuvent pas faire autre chose. VENDRE parce qu’ils sont une MARCHANDISE. Vendre parce qu’ils sont FORCES DE VENDRE LEUR FORCE DE TRAVAIL.
Cette reconnaissance légale des deux parties implique aussi qu’ils y ait des patrons qui ACHETENT la FORCE DE TRAVAIL des ouvriers. C’est-à-dire qu’il y ait des hommes qui achètent la capacité de production d’autres hommes. Des hommes capables d’acheter la capacité de production des autres parce qu’ils ont l’argent pour le faire. Des hommes qui n’ont pas besoin de travailler pour vivre. Des hommes qui n’ont pas besoin de se vendre à d’autres pour vivre.
Donc, à la base de la reconnaissance juridique des deux parties (patrons-syndicats) il y a une INEGALITE SOCIALE fondamentale des hommes entre eux.
A cela s’ajoute un autre fait qui accentue cette inégalité. Il s’agit de la présence même du syndicat. En effet, par la convention, la vente et l’achat de la force de travail des ouvriers ne se fait pas directement, face à face. Elles s’opèrent par le syndicat. C’est lui qui tente d’influer le patron.
Evidemment cela implique que dans beaucoup de cas, le syndicat accepte qu’il y ait des hommes obligés de se vendre comme une marchandise pour vivre et d’autres hommes qui n’ont pas besoin de travailler pour vivre.
Mais à cause de toutes les raisons mentionnées plus haut, le syndicat n’a pas toujours un rôle positif et avantageux pour les travailleurs. De par les lois qui régissent la vente et l’achat de la force de travail (Code du travail) le syndicat se voit souvent forcé d’obliger les travailleurs à accepter une convention qui ne les avantage pas tellement. Souvent même le syndicat ne veut absolument pas défendre les travailleurs, plus intéressé qu’il est à retirer les cotisations qu’à mener le combat rondement. Ou encore, dans les cas de syndicats de boutique, le syndicat est à la solde du patron et trahit effrontément les travailleurs en les vendant au boss pour rien.
Il en découle donc que même la vente de la capacité de production des travailleurs échappe au contrôle des ouvriers. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas la liberté de marchander eux-mêmes avec le patron.
Ainsi le syndicat en défendant mal les travailleurs, en acceptant de les louer à bas prix, en ne les informant pas de leurs mauvaises conditions de travail, en leur cachant des clauses qui leur font perdre des droits acquis etc…renforcit l’inégalité fondamentale entre les ouvriers et les patrons entre la CLASSE OUVRIERE et la CLASSE BOURGEOISE.
À partir de ce moment, le syndicat qui dans ses premières années de lutte pouvait être un instrument valable de défense[1] se transforme ici en un AGENT des capitalistes pour leur faciliter l’achat de la force de travail des ouvriers.
L’analyse de toute convention montre facilement que cette CONNIVENCE et cette COLLABORATION patron-syndicat sur le dos des travailleurs.
L’analyse de toute convention montre facilement aussi jusqu’à quel point les travailleurs se trouvent liés pieds et mains à des règlements, lois, conditions de travail qu’ils ne souhaitent absolument pas mais dont l’habileté de quelques beaux parleurs syndicalistes leur ont fait accepter.
L’analyse de toute convention montre facilement enfin que le syndicat enlève tout droit de regard aux ouvriers sur leur propre convention. En effet, les deux parties concernées par la convention ne sont pas le patron d’une part et les ouvriers d’autre part. Les parties signataires et responsables de l’application et de la juridiction de la convention sont le patron et le syndicat. Mais parce que le syndicat la signe en notre nom, nous sommes pognés avec.
Le syndicat est pogné dans un carcan de lois et à son tour il veut nous pogner dans ces mêmes lois pour perpétuer notre exploitation. »

Nous pouvons vous envoyer la brochure par téléchargement.
S’adresser à cim_icm@yahoo.com 

[1] Notes des Communistes Internationalistes Klasbatalo
Cela était vrai au 19ième siècle avant la période impérialisme du capitalisme mais par après les syndicats sont devenus de plus en plus intégrés à l’État bourgeois et de fervents défenseurs du capitalisme.