mardi 30 novembre 2010

"Attitude" de racolage envers les syndicats ?

Au comité de mobilisation Verdun Le 29 novembre 10

Bonjour

Après une lecture attentive de votre texte du deux novembre De la séparation entre le travailleur et son syndicat, nous constatons que loin de vous démarquer des syndicats, vous voulez prévenir les instances syndicales qu’elles doivent changer car « Un examen critique est nécessaire, sans quoi c‘est la pertinence même des syndicats qui sera bientôt remise en cause. Rétablir le contact avec et entre les travailleurs et réfléchir à de nouvelles formes de pratiques syndicales, voilà le défi!»

Cette attitude de racolage envers les syndicats, selon nous, non seulement vous coupera des travailleuses et des travailleurs les plus conscients mais amènera l’ensemble des travailleurs du secteur de la santé vers des défaites encore pire.

Vous constatez pour la FIQ : « Un syndicat qui fait siennes les priorités de l'état ne devient ni plus ni moins qu'une extension de l'état. » C’est vrai mais ce l’est aussi pour l’ensemble du syndicalisme à l’échelle mondiale. Le tract ci-joint Apprendre de ce qui s’est passé en France pour mieux préparer les luttes futures indique bien comment les syndicats français ont saboté la lutte contre la réforme des retraites. Le syndicalisme n’a qu’un seul but : c’est de négocier la vente de la force de travail; et avec la crise actuelle, comme il est une extension de l’état, son rôle est de tout faire pour que les politiques de l’état soient appliquées. Il ne peut être réformable. Vouloir le démocratiser est aussi utopique que de vouloir transformer le parlement en institution au service de la classe ouvrière.

Dans votre tract du 1er mai, vous avez fait un très bon pas en avant en invitant les travailleurs de l’hôpital, toutes catégories d’emploi confondues, à une assemblée en dehors de tout encadrement syndical. Ce que craignent le plus les bourgeois et les boss syndicaux, c’est la possibilité que des rapprochements se fassent et s’amplifient au sein du prolétariat, hommes, femmes, chômeurs, étudiants, retraités. Ce type d’assemblées contrôlées par les travailleurs et non par les boss syndicaux a été mis en place dans certains lieux de travail en France.

C’est là la voie qui peut mener à des luttes victorieuses car lutter en voulant changer les syndicats, c’est aller à la défaite.

Nous espérons que vous accueillerez fraternellement nos commentaires.

Les Communistes Internationalistes - Klasbatalo!

vendredi 26 novembre 2010

Nos positions de base avec des commentaires critiques du PCI (Le prolétaire) et notre réponse


1 - La révolution d’Octobre 1917 en Russie fut le premier pas d’une authentique révolution communiste mondiale dans une vague révolutionnaire internationale qui mit fin à la guerre impérialiste et se prolongea plusieurs années. L’échec de cette vague révolutionnaire, en particulier en Allemagne en 1919-23, condamna la révolution en Russie à l’isolement et à une rapide dégénérescence. Le stalinisme mis en place dans les années 20 et après ne fut que la représentation idéologique de cette dégénérescence et de son isolement. Il s’est présenté comme le fossoyeur de la Révolution russe, instaurant un régime de capitalisme d’État centralement planifié comportant la doctrine du «socialisme dans un seul pays» que nous rejetons.
PCI : La révolution en Russie fut une révolution double : une révolution anti-tsariste, bourgeoise, qui mûrissait depuis longtemps dans ce pays et dont la principale force motrice était la paysannerie,, et une révolution anti-capitaliste, socialiste, dont la force motrice était la classe ouvrière et qui faisait partie d’une vague révolutionnaire prolétarienne internationale. Le pouvoir issu de la révolution était politiquement prolétarien et socialiste, mais il ne pouvait se maintenir que sur la base d’un compromis avec la paysannerie.
L’échec de la révolution internationale obligea le pouvoir prolétarien en Russie à essayer de résister en orientant le développement du capitalisme vers le capitalisme d’Etat et en essayant de le contrôler. Mais c’est le capitalisme qui finit par contrôler le pouvoir et le parti russes. Le stalinisme ne fut pas seulement une « représentation idéologique » de la dégénérescence et de l’isolement : il représenta cette force politique qui mena en Russie la contre-révolution anti-prolétarienne et la réalisation de la révolution bourgeoise. Au niveau international il s’intégra dans la contre-révolution bourgeoise mondiale dont il fut l’un des acteurs décisifs par son rôle à l’intérieur du mouvement prolétarien.
CIK : Pour le formuler plus correctement : deux révolutions eurent lieu, Février et Octobre – chacune incarnant distinctement les éléments combinés de la révolution bourgeoise contre le tsarisme ; et par la suite, de la révolution prolétarienne contre l’émergence du capital russe – en Russie et ailleurs dans le monde. Au cours de ces deux révolutions, la classe ouvrière joue un rôle majeur. La faiblesse du capital russe a empêché la bourgeoisie locale ascendante de jouer un rôle significatif, laissant la voie libre à la classe ouvrière, en lien avec la paysannerie, de poursuivre le processus. Le “compromis” fait avec la paysannerie – imposé par les conditions immédiate dans lesquelles se trouvait la Russie, déchirée par la guerre – ne pouvait s’exprimer que par les succès de la révolution internationale, autant face à la prépondérance du prolétariat dans les pays capitalistes avancés, qu’à la disponibilité des moyens de production capitalistes modernes. L’évidence comprise dès le départ, selon laquelle ‘si la révolution demeurait isolé, nous serions piégé’, se manifesta lorsque la révolution allemande échoua. La confusion à laquelle les révolutionnaires ont dû fait face depuis lors est le résultat d’une perpétuation de l’illusion qu’il y avait des caractères résiduels prolétariens ou révolutionnaires dans l’État Russe après la défaite en Allemagne et un peu partout ailleurs.
L’échec de la vague révolutionnaire fut un facteur-clé dans la dégénérescence de la révolution prolétarienne en Russie. Ce n’est pas vrai que “l’échec de la révolution internationale obligea le pouvoir prolétarien en Russie à essayer de résister en orientant le développement du capitalisme vers le capitalisme d’État et en essayant de le contrôler.” Énoncé d’une telle façon, c’est délibérément faire compléter les tâches de la révolution bourgeoise par les bolchéviques.
Pour simplifier, on vit la capacité des bolchéviques à mener et à unifier le prolétariat au moment de la prise du pouvoir d’un côté, et ensuite démolir tout signe d’autonomie ouvrière qui aurait pu interférer avec ce qui, initialement, signifiait la survie du régime durant la guerre civile. Ceci allait également se développer en une subordination à pleine échelle du prolétariat à “son” parti au cours du processus de l’achèvement des tâches de la ‘révolution bourgeoise’. La tendance vers le capitalisme d’état trouva son origine avec la montée de l’utilisation de l’État, par le capitalisme européens, dans le financement de la militarisation dans la période qui précéda aux rivalités impérialistes de la Première Guerre, avec l’Allemagne qui menait en ce sens. La logique de l’armement permanent et d’une économie de guerre permanente, qui joua un rôle si important jusqu’à ce jour, a distordu sauvagement autant les perspectives du parti bolchévique que les objectifs du mouvement prolétarien de la Russie de 1917 – laissant ainsi l’héritage horrible auquel fait face le prolétariat à ce jour. De plusieurs façons, ce fut l’immaturité de l’avant-garde révolutionnaire, incluant les bolchéviques, et les effets démoralisants de l’intégrations des partis de la Deuxième International par l’État bourgeois, qui finit avec le soutien de la guerre mondiale. Tout ceci, en plus de la dévastation laissée par la guerre civile, fut un facteur majeur dans la défaite et l’isolation du bastion de la Russie révolutionnaire.
2 - Depuis la Première Guerre mondiale, le capitalisme est un système social en décadence. Il n’a plus aucune valeur progressiste à offrir. Il a plongé à deux reprises l’humanité dans un cycle barbare de crise, guerre mondiale, reconstruction, nouvelle crise. La théorie de la décadence est un point de vue en mouvement qui permet d'entrevoir la direction que cherche à prendre le capitalisme mondial.
PCI : La « théorie de la décadence » ne permet pas de comprendre l’évolution du capitalisme mondial. A l’époque de la première guerre mondiale, le capitalisme ne s’était encore implanté que sur une partie minoritaire de la planète et même dans les pays capitalistes développés il restait d’importantes fractions de la population qui n’étaient pas de salariés (exemple : en France, en Italie, plus de la moitié de la population était encore dans les campagnes). Cela signifiait que le capitalisme avait objectivement devant lui de grandes possibilités de développement, s’il arrivait à surmonter la crise où il se trouvait (c’est-à-dire s’il réussissait à écraser la vague révolutionnaire prolétarienne (qui était d’ailleurs circonscrite en fait à une partie de l’Europe). Au prix de deux guerres mondiales, le capitalisme a pu redémarrer un très puissant cycle d’accumulation et s’étendre au monde entier.
CIK : Au moment de la Première Guerre, “même si le capitalisme n’était implanté que sur moins de la moitié de la planète”, il ne dominait pas seulement ces parties du monde impliquées dans la production directe de la marchandise, mais subsumait toutes les sociétés pré-capitalistes existantes sous son hégémonie. Et même si c’est seulement au cours des dernières décennies que le mode de production capitaliste s’est développé pratiquement partout dans le monde (avec le prolétariat maintenant devenu la majorité de la population mondiale), il survit avant tout militairement, politiquement, et financièrement, grâce aux interventions d’ordre extra-économiques, des États impérialistes dominants. Sans plus aucune possibilité de s’étendre à l’intérieur de sa forme constituante, l’État national n’a plus de rôle progressif à jouer, depuis le tournant du capitalisme au dernier siècle. Ceci provient de la nature destructive et cannibalistique de sa forme impérialiste du siècle dernier. Dans ces parties du monde où le mode de production capitaliste a pris racine au cours de la dernière moitié du dernier siècle, nous assistons à une régression vers la barbarie, observé originalement lors de la Première Guerre, qui attire les centres capitalistes dominants avec elle. Comme nous l’avons mentionné, “la décadence est un point de vue en mouvement”, ou dit d’une façon plus complète : un point de vue où la dynamique est loin d’être joué.
3 - Les ex-pays de l’est de l’Europe, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, etc., n’ont jamais été des pays communistes quoiqu’en dise la propagande de la bourgeoisie, propagande stalinienne incluse. C’était et sont encore, pour certains, des pays où règne une forme spécifique du capitalisme d’État.
PCI : Les jeunes pays qui ont conquis leur indépendance sur la vague des luttes anti-coloniales ont eu recours, de manière plus ou moins prononcée, en partie selon l’importance de la domination qui subsistait de l’ancienne puissance coloniale, à l’Etat pour suppléer au manque de capitaux locaux, en s’inspirant du « modèle » russe, comme seul moyen d’accélère un développement capitaliste endogène. Dans la mesure où ce développement s’effectuait, ce « capitalisme d’Etat » inévitablement devait laisser la place à un capitalisme classique.
CIK : Une bonne contribution avec laquelle nous sommes d’accord. Comme mentionné, la forme spécifique du capitalisme d’État, représentée par le “modèle stalinien”, n’est rien de plus qu’une expression de l’importation du modèle substitutionaliste qui se répandit dans le monde en voie de développement des anciennes colonies, principalement après la Deuxième Guerre.
4 - La participation de la classe ouvrière au cirque électoral et aux différents parlements est le meilleur moyen qu’a trouvé la bourgeoisie pour détourner le prolétariat de sa tâche historique : l'émancipation de l'ensemble de l'humanité. Tout comme le fascisme, la « démocratie bourgeoise » est un terrain où le prolétariat n’a aucune véritable place.

PCI : Avant de détourner le prolétariat de sa tâche historique, la démocratie bourgeoise et le cirque électoral en le plongeant dans la collaboration de classe, l’empêchent de retrouver la voie de la lutte indépendante de classe, y compris pour défendre ses intérêts immédiats.
CIK : Encore une fois, une excellente clarification. Nous l’admettons en tant que ce que l’expression de la diversion du prolétariat de ses tâches historiques implique.
5 - Nous considérons les syndicats comme des organismes liés à l’État par mille et un fils, lois, subventions et concertations. Changer les directions syndicales ou essayer de transformer les syndicats est impossible tant leurs liens avec l’État capitaliste sont organiques. Ceci implique le rejet des syndicats rouges ou anarchistes.
PCI : Les appareils syndicaux actuels sont effectivement complètement et irrémédiablement liés au réseau bourgeois de la collaboration entre les classes. Mais en quoi cette constatation de la situation des syndicats actuels permet-il de rejeter des « syndicats rouges » (qui n’existent pas) ou des « syndicats anarchistes » ? Pour leur lutte quotidienne de défense immédiate contre les capitalistes, les ouvriers ont besoin d’une organisation spécifique, ouverte à tous ceux qui veulent défendre leurs intérêts de classe. Cette organisation ne peut être une organisation politique fermée, le parti de classe, mais une organisation de type syndical. Sans doute cette organisation de lutte économique
CIK : Par “liés à l’État par mille et un fils” nous voulons dire que les syndicats ne font plus simplement que négocier la force de travail mais que, depuis la Première Guerre, sont aussi devenus des agents actifs de la défense et des progrès du capitalisme et de son État, et agissent également en tant qu’arrière-garde idéologique du capital. Nous pouvons intervenir dans les assemblés syndicales, mais en le faisant d’une façon à mettre de l’avant les formes d’organisation, la lutte et son extension, le programme, qui transcendent le piège corporatiste et nationaliste que les syndicats, aujourd’hui, incarnent. Les syndicats rouges ou les syndicats partisans (comme vous dites, “qui n’existent pas”) sont aussi devenus des arbitres du taux d’exploitation et, en soi, tombent sous le poids de la loi de la valeur, ajoutant plus de confusion en forçant par le fait même les communistes à jouer le jeu capitaliste.
6 - Nous rejetons les tactiques de « front uni », de «fronts populaires » et « anti-fascistes ». Toutes ces tactiques mélangent les intérêts du prolétariat à ceux des fractions de la bourgeoisie quelles qu’elles soient et ne servent ultimement qu’à détourner la classe ouvrière de ses objectifs révolutionnaires.
PCI : Il faut distinguer : Le « front uni politique» s’adressant aux partis ouvriers réformistes, c’est-à-dire soumis à la bourgeoisie, sont à condamner comme les fronts antifascistes et populaires. Le « front uni syndical » s’adressait à des organisations syndicales qui étaient alors encore indépendantes et gardaient un caractère de classe : c’est pourquoi notre courant le soutenait. Aujourd’hui, avec les syndicats actuels, ce n’est plus possible. Le « front uni à la base » s’adresse aux prolétaires, qu’ils soient ou non adhèrents à tel ou tel parti, pour une lutte précise, sans impliquer aucun accord politique au sommet entre différents parts ; En Italie ce pouvait être la défense armée contre les fascistes des sièges des partis et organisations « ouvrières », y compris des partis réformistes. Un « front uni » de ce type n’est pas à rejeter aujourd’hui.
CIK : Nous trouvons que ceci clarifie la nécessité de rejeter les fronts unis particulièrement sur la question du « front uni à la base ».
7 - Toutes les idéologies nationalistes, d’«indépendance nationale», de «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», quel que soit leur prétexte, ethnique, historique, religieux, etc., sont une véritable drogue pour les ouvriers. Elles visent à leur faire prendre parti pour une fraction ou une autre de la bourgeoisie, elles les mènent à se dresser les uns contre les autres, cela pouvant aller jusqu’à la guerre.
PCI : Il faut distinguer entre le nationalisme des oppresseurs et le nationalisme des opprimés. Les décennies de l’après- guerre ont vu les prolétaires participer aux côtés de millions de paysans aux luttes anti-colonialistes et d’indépendance nationale, c’est-à-dire à des révolutions bourgeoises : ils ont eu raison ! Le prolétariat ne peut se désintéresser de révolution bourgeoise, se mettre de côté, comme le préconisaient les mencheviks en Russie : il doit y participer en luttant pour conserver ou conqu »rir son indépendance de classe, s’efforcer de pousser cette révolution jusqu’au bout, et si possible, s’il est organisé en parti, essayer d’en prendre la tête pour pousser à sa propre révolution internationale : tactique définie par Marx et Engels pour l’Allemagne de 1848-1850 appliquée par les bolcheviks en Russie.
Aujourd’hui le cycle des luttes révolutionnaires d’indépendance nationale – révolutions bourgeoises – est historiquement clos à l’échelle de la planète. Mais il reste et il restera toujours tant qu’existe le capitalisme des oppressions nationales, et des luttes contre ces oppressions. Les communistes ne sont pas indifférents vis-à-vis de cette oppression : ils luttent contre toutes les oppressions, y compris donc l’oppression nationale, mais en les intégrant dans (et les subordonnant à) la lutte prolétarienne de classe, plus précisément dans la perspective de l’union des prolétaires de tous les pays.

CIK : Si nous avions à faire le bilan de l’effet des luttes de “libération” nationales, des luttes anticolonialistes, des luttes des nations opprimés du prolétariat des nations en question – aussi bien qu’internationalement depuis la Deuxième Guerre – nous trouverions que dans pratiquement tous les cas, la classe ouvrière a perdu, ou a vu sa capacité d’organisation autonome sévèrement réduite pour des décénies, souvent allant aussi loin qu’à détruire sa capacité d’autodéfense immédiate. Dans pratiquement tous les cas, chaque lutte nationale a joué le pion d’une puissance impérialiste. Les campagnes de soutien pour les luttes de libération nationales ont détourné une génération de militants prolétariens, dans la période d’après-guerre, du combat de classe sur leur terrain de classe international. Plutôt que de s’organiser globalement avec leur frère et soeurs de classes, une couche entière de militants ont été aspiré au soutien de tel ou tel mouvement de libération nationale qui, une fois au pouvoir, écrase tout vestige d’autonomie ouvrière, et assez souvent toute expression des droits humains fondamentaux.
8 - La classe ouvrière est la seule classe capable de mener à bien la révolution communiste. La lutte révolutionnaire conduit nécessairement la classe ouvrière à une confrontation avec l’État capitaliste. Pour détruire le capitalisme, la classe ouvrière devra renverser tous les États et établir la dictature du prolétariat à l’échelle mondiale : le pouvoir international des conseils ouvriers, regroupant l’ensemble du prolétariat.
PCI : Pour faire la révolution et pour exercer sa dictature, le prolétariat a besoin de son parti politique : sans la direction du parti, il ne peut y avoir de victoire de la révolution ni de dictature du prolétariat victorieuse. Cette leçon fondamentale différencie les marxistes des libertaires et semi-libertaires
CIK : La construction d'un parti internationaliste pour notre classe est à l'ordre du jour face à un capitalisme qui patauge dans une crise financière internationale croissante, face aux attaques soutenues du capital contre notre classe, et dont la seule perspective ultime pour remédier à sa crise, et à la montée des luttes conséquentes, est la conflagration mondiale. La construction d'un parti internationaliste implique l'ouverture d'un débat entre les diverses forces du milieu politique prolétarien. Mondialement, le véritable camp prolétarien est très faible, nous ne pouvons donc, pour l'instant – et suivant notre faiblesse numérique - qu'essayer d'être présent là où le prolétariat affronte son ennemi de classe, en y diffusant son propre programme : le programme communiste, afin de rallier les éléments les plus conscients du prolétariat face à son propre sort et pour que le programme gagne la direction des luttes.
9 - L « autogestion» et la « nationalisation » de l’économie ne sont pas des moyens pour renverser le capitalisme puisqu’ils ne s’attaquent en rien aux rapports de production capitalistes. Ce ne sont en fait que des formes que peut prendre le capitalisme. Le communisme nécessite l’abolition consciente par la classe ouvrière des rapports sociaux capitalistes et la création d’une société sans État, sans classe, sans argent, sans frontières nationales ni armées professionnelles.
PCI : L’abolition des rapports capitalistes nécessite d’abord la révolution politique, c’est-à-dire la prise du pouvoir par le prolétariat, la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration d’un Etat Prolétarien , c’est-à-dire de la dictature du prolétariat. Cet Etat prolétarien, cette dictature du prolétariat, est indispensable pour exproprier politiquement et socialement l’ancienne classe dominante et « neutraliser » les classes moyennes, pour déraciner progressivement le mode de production capitaliste. On ne peut passer directement du capitalisme au communisme, on ne peut sauter par dessus par cette phase intermédiaire qui sera aussi celle de la guerre civile internationale.
CIK : En général, nous sommes en accord. Cependant lors de période prérévolutionnaire ou révolutionnaire, des organisations comme les soviets ou conseils ouvriers vont surgir. Ce sont des organisations ayant une double fonction soit la défense des intérêts des ouvriers ce qui peut aller jusqu’au contrôle de la production et à sa transformation et surtout ils oeuvrent en même temps au plan politique en vue de renverser le système capitaliste mondial et ses États. C’est très loin des organisations d’autogestion misent de l’avant par des anarchistes qui ont pour effet l’autoexploitation des ouvriers en période non révolutionnaire. C’est pourquoi nous insistons sur le fait que la prise du pouvoir et la transformation révolutionnaire ne requièrent pas seulement le parti et un programme solidement développé, mais aussi – de façon plus importante – un prolétariat pleinement conscient, bien au vu et au su de ses possibilités, de son potentiel, et des moyens mis à sa disposition.
10 - Un premier pas vers ce but est l’organisation politique révolutionnaire des prolétaires ayant une conscience de classe et leur union dans un parti politique international. Le rôle de ce parti ne sera pas de prendre le pouvoir au nom de la classe ouvrière mais de participer à l’unification et à l’extension de ses luttes ainsi qu’à leurs contrôles par les ouvriers eux-mêmes, et à la diffusion du programme communiste afin de conscientiser le prolétariat en classe pour soi. Seule la classe ouvrière dans sa totalité, à travers ses propres organes autonomes, par exemple les conseils ouvriers, peut instituer le socialisme. Cette tâche ne peut être déléguée, même pas au Parti de classe le plus conscient..
PCI : Le parti est l’organe sans lequel le prolétariat ne peut prendre et exercer le pouvoir Ce parti a une fonction dirigeante dans la lutte révolutionnaire et l’exercice du pouvoir. Les autres formes et organes prolétariens (syndicats, soviets, etc.) ont un rôle secondaire par rapport à cet organe suprême.
Seul le parti qui se constitue sur la base du programme communiste historique du prolétariat et qui ne regroupe qu’une minorité de la classe, peut diriger et unifier celle-ci, c’est-à-dire l’arracher à la domination de la bourgeoisie. La grande masse du prolétariat fera la révolution sans avoir une idée claire du but final et de la marche à suivre, etc. : ce n’est qu’après la révolution et quand la bourgeoisie aura perdu son pouvoir sur la société que les masses les plus larges pourront accéder à cette « conscience » . Marx : la révolution est nécessaire au prolétariat pour qu’il se libère de tout le vieux fardeau qui pèse sur son dos…
CIK : Bien que le parti soit essentiel au succès de la révolution prolétarienne, il est bien loin d’être la seule force jouant un rôle de direction et d’unification des objectifs de classe. Les conseils, les comités d’usine, les assemblées de prolétaires jouent le rôle prépondérant dans l’unification et l’extension des luttes de notre classe ; il n’y a qu’à observer n’importe quelle grève générale, grève de masse, par exemple en Grèce, en France, etc. Le processus de direction est un lien dialectique entre le corps unitaire (les conseils par exemple), le parti, les militants non-partisans. Des récits de la Révolution Russe démontrent que dans la période qui suivit la prise du pouvoir prolétarien en Octobre, toutes les forces quelles qu’elles furent – anarchistes, socialistes-révolutionnaires, indépendantes, bolchéviques – qui soutinrent l’insurrection sous l’appel « tout le pouvoir aux soviets » bolchéviques furent étiquetées bolchéviques. Le parti unifia plus que lui-même sous cette ombrelle et fut transformé par le processus en soi. « La grande masse du prolétariat fera la révolution sans avoir une idée claire du but final et de la marche à suivre, etc. » Ceci est en partie vrai mais, cependant, ajoutons que le parti bolchévique (de même que ceux qui se regroupèrent autour de celui-ci) n’avait pas lui-même une idée claire du but final et de la marche à suivre en Octobre 1917, bien qu’il ait eu la plus claire compréhension de ce qui était possible en termes de but « final » et fut un élément décisif dans son appel au pouvoir prolétarien.
Nous comprenons que la plupart de la confusion autour du parti et de la classe provient des effets dévastateurs de la guerre civile aussi bien que des problèmes conséquents de l’isolation du bastion révolutionnaire. Ne pas comprendre que le « maintien du pouvoir » à n’importe quel coût même s’il s’agissait de détruire son but révolutionnaire prolétarien a couté très cher à la cause du communisme révolutionnaire.
Cependant, le parti à construire n’aura rien en commun avec les partis maoïstes et leur postulat stalinien du « socialisme dans un seul pays ». La Chine n’a jamais été une puissance prolétarienne, et l’idéologie du maoïsme n’était rien de plus qu’un moyen pour embrigader les masses afin qu’elles sacrifient leurs intérêts au bénéfice du capital national. Le parti ne se substituera pas non plus au prolétariat. Le parti est l’intelligence du prolétariat, sa conscience, son guide intellectuelle qui dirige celui-ci vers la voie révolutionnaire grâce à ses mots d’ordre. Les leçons que la Révolution Russe expose, ce sont les dangers d’un parti prenant en main les rennes de l’économie et de la politique. Le prochain parti internationaliste du prolétariat évoluera côte-à-côte avec les mécanismes politique et économique dont se sera doté le prolétariat, mais sans diriger ceux-ci. Il conseillera le prolétariat à travers la diffusion de son programme, en bataillant constamment pour que les nouveaux mécanismes politiques et économiques du prolétariat se dirigent toujours dans la direction du communisme. C’est à travers l’élaboration de sa conscience que le prolétariat érigera la voie de transition matérielle du socialisme vers le communisme. De même, le parti sera en mesure de toujours voir plus clairement la direction à prendre puisqu’il ne sera plus en conflit avec lui-même au pouvoir, comme le furent Lénine et les bolchéviques.
11 – La pratique révolutionnaire ne laisse aucune place à des attitudes de sectarisme et de repli sur soi. Nos idées doivent être entendues au sein de notre classe. Nous nous donnons comme mandat d’intervenir le plus souvent possible, selon nos forces réelles, au sein des différentes luttes de notre classe, afin d’échanger et de participer à la clarification du programme prolétarien, et à l’édification du parti révolutionnaire.
PCI : Les communistes interviennent dans les luttes et la vie du prolétariat, mais pas pour clarifier le programme ! Le programme du parti, le marxisme, est le condensé des grandes luttes et expériences historiques de classe du prolétariat, pas des escarmouches contingentes et limitées d’ aujourd’hui ! Ce programme est l’arme la plus précieuse du prolétariat, il ne peut être soumis à une discussion démocratique et à une révision perpétuelle selon les suggestions passagères du moment, à plus forte raison quand l’influence contre-révolutionnaire de la bourgeoisie domine de façon écrasante le prolétariat lui-même ! Ce programme doit être compris, assimilé et défendu de façon intransigeante par les militants qui veulent se placer sur le terrain et contribuer au ressurgissement du prolétariat révolutionnaire. C’est un objectif difficile à atteindre car il nécessite de rompre avec tous les préjugés et l’idéologie inculqués par le multiforme et ultra-puissant appareil de propagande bourgeois. Mais c’est ce qu’il faut faire avant de vouloir faire entendre ses « idées » et « conscientiser » les prolétaires…
CIK : “Ce programme est l’arme la plus précieuse du prolétariat, il ne peut être soumis à une discussion démocratique et à une révision perpétuelle selon les suggestions passagères du moment, à plus forte raison quand l’influence contre-révolutionnaire de la bourgeoisie domine de façon écrasante le prolétariat lui-même !”
Il est vrai que la plateforme du parti ne devrait pas être modifiée dans le seul but « d’accomoder » les accrochages contingents entre partisans d’aujourd’hui!” Le programme n’est pas une vulgaire paire de bas qu’on pourrait changer tous les jours. La faiblesse numéraire de la Gauche Communiste pose certaines questions lourdes de conséquence quant à l’acceptation de cette notion de l’invariabilité de la plateforme. La plus importante étant que la révolution prolétarienne internationale, comme vous le savez, n’est pas simplement une question de plateforme, de parti, de soviets, ou la conjoncture de conditions objectives contemporaines en tant que telle.
Puisque tous ces facteurs viennent précèdent aujourd’hui même l’émergence des lutte de classes, la plateforme doit s’élargir, se développer, et se clarifier afin d’être une partie vibrante, vivante, du processus révolutionnaire. « Rompre avec tous les préjugés et l’idéologie inculquée par l’appareil de propagande de la bourgeoisie, avec ses multiples facettes et puissance colossale » demande la capacité consciente du prolétariat pour analyser, débattre, désapprouver, et démolir la main mise idéologique du capital. Bien sûr, la plupart de ce que nous discutons ici représente certains fondements. Mais aussi solides soient-ils, ils n’ont pas dit leur dernier mot.

dimanche 21 novembre 2010

Apprendre de ce qui s’est passé en France pour mieux préparer les luttes futures

Le capitalisme est en crise aiguë et il attaque la classe ouvrière massivement pour tenter de s’en sortir mais elle résiste. Nous avons vu depuis deux ans des luttes importantes contre les mesures de crises que les États prennent pour faire payer aux salariés les conséquences de la crise. Pensons aux luttes en Grèce, au Portugal, en Espagne, au Royaume-Uni et en France pour n’en citer que quelques-unes.

La situation engendrée par la crise a aussi amené l'Etat québécois lors de son dernier budget à de très nombreuses augmentations tarifaires: frais de scolarité, coût de l'essence en général et permission aux villes de Montréal et de Québec d'une hausse de 1,5 cents par litre, tarif d'électricité, frais en santé, augmentation de la TVQ et de multiples coupures. Les offres étatiques aux travailleurs du secteur public ont été quant à elles, très en deçà des demandes.

Il en est résulté une résistance des prolétaires qui est apparue lors de plusieurs manifestations dont : -Manif des travailleurs du secteur public le 20 mars: 75 000 personnes à Montréal -Manif contre la hausse de tarification le 1er avril: 15 000 personnes à Montréal et plusieurs autres dans d’autres villes. Il faut dire cependant que ces manifestations étaient bien encadrées avec les hurlements des sonos et il n’y avait aucune place pour la discussion en fin de manifestation. En effet, un des acquis de la lutte en France a été l’organisation d’Assemblées Générales en fin de manifestation pour discuter entre travailleurs sur des moyens d’action et de soutien en dehors du contrôle syndical. C’est à y penser sérieusement si on veut mettre fin aux parades syndicales qui finissent par les discours des boss syndicaux qui ne mènent à rien.

Nous avons aussi vu des travailleurs complètement isolés. Pensons aux ouvriers de Shell, de Coca-Cola à Trois-Rivières, de Weston et du Journal de Montréal. Cet isolement a mené à des fermetures d’usines, aux coupures de poste, à des augmentations salariales égales ou inférieures à l’inflation et à la stagnation depuis presque deux ans au JdM. Cet enfermement des luttes sur les lieux de travail est un véritable cul-de-sac. La force des travailleurs c’est l’élargissement des luttes avec des délégations massives vers les entreprises les plus proches. Ce sont des assemblées de syndiqués, de non-syndiqués, de retraités et d’étudiants. Ce que craignent le plus les boss, les hommes d’affaires, les bourgeois, c’est que des rapprochements se fassent et s’amplifient au sein des prolétaires, hommes, femmes, chômeurs, étudiants, retraités. Ce type d’assemblées contrôlées par les travailleurs et non par les boss syndicaux a été mis en place dans certains lieux de travail en France.

La lutte contre la réforme des retraites en France est malgré tout en train de finir en queue de poisson. Pourquoi ? Quelles leçons ?

Les syndicats ont mis de l’avant une Intersyndicale (semblable au Front Commun des boss syndicaux québecois) dont le but était, n’ont pas de demander le retrait de la réforme des retraites, mais la négociation de cette réforme. Durant huit mois, des grèvettes d’une journée ont été mises de l’avant par les syndicats. Les assemblées générales contrôlées par les travailleurs et celles de fin de manifestation mentionnées plus haut, ont été très minoritaires comparées aux assemblées syndicales secteur par secteur. Pour saboter les assemblées générales par exemple à la SNCF, il y a eu des AG syndicales spécifiques pour les roulants, les contrôleurs, les administratifs… Dans certains hôpitaux de la région de Toulouse, ce sabotage a tourné à une malheureuse farce : chaque étage avait sa propre assemblée !

La bourgeoisie et son État utilisent partout la même tactique pour tromper la classe ouvrière. Les deux faces de cette tactique au Québec sont d’une part les Lucides et leurs progénitures bâtardes comme Réseau Liberté-Québec et la rêverie de parti de l’ancien ministre péquiste Legault. Ces forces politiques plus à droite veulent encore plus de coupures et un État qui favorisera des marchés plus concurrentiels. Leur but n’est pas de prendre le pouvoir mais de faire pression sur l’État capitaliste. D’autre part, il y a les groupes qui s’opposent à ces Lucides, l’un de ceux-ci est l’Alliance sociale des syndicats. Cette l’Alliance sociale veut plus d’interventions de l’État capitaliste et de sa démocratie. Elle propose des solutions à la crise budgétaire dans un cadre purement capitaliste (genre : d’autres types de financement de l’État). Pour répondre au danger révolutionnaire, la bourgeoisie a besoin de ces forces de gauche qui ont pour besogne de contrôler, de saboter et d’encadrer les prolétaires en lutte.

Avec ou sans Charest, le budget n’est que la pointe de l’iceberg et le pire reste à venir. Les récentes coupures au Royaume-Uni n’en sont qu’un exemple. Pour régler sa crise, le capitalisme va engendrer encore plus de misère pour l’humanité, il peut même aller jusqu’à la guerre mondiale.

Ce sont les prolétaires de tous les pays, qui peuvent mettre fin à ce système en faillite. Pour que ce soit efficace, il est nécessaire de multiplier les luttes, de les étendre, au moyen d’assemblées générales qui envoient des délégations massives, à d'autres usines, entreprises et secteurs, et de tout faire pour les unifier.

Les communistes internationalistes-Klasbato (CIK) 21 novembre 2010

cim_icm@yahoo.com

http://klasbatalo.blogspot.com/

adresse : CIM_ICM, C.P. 55514, Succ. Maisonneuve, Montréal (QC) H1W 0A1

Ne pas jeter sur la voie publique

lundi 8 novembre 2010

Vers des affrontements décisifs entre le prolétariat et les forces capitalistes

Nous publions l’éditorial du bulletin communiste international de novembre 2010 organe de la Fraction de la Gauche communiste internationale. Ce texte nous indique entre autres que la bourgeoisie et son État utilise partout la même tactique pour tromper la classe ouvrière. Les deux faces de cette tactique au Québec sont d’une part les Lucides et leurs progénitures bâtardes qui veulent entre autres encore plus de coupures et d’autre part l’Alliance sociale des syndicats, ces saboteurs de nos luttes, qui veulent plus d’intervention de l’État capitaliste et de sa démocratie.

Les communistes internationalistes Klasbatalo (CIK)

_________________________________________________________

Vers des affrontements décisifs entre le prolétariat et les forces capitalistes

La lutte des classes revient avec force s'affirmer comme "le moteur de l'histoire" aux yeux du plus grand nombre, malgré sa "mort annoncée" tant de fois par les idéologues et propagandistes bourgeois. Tous les continents sont touchés par les combats du prolétariat : les Amériques - Brésil, Chili, Mexique, Etats-Unis -, l'Asie - Chine, Vietnam, Thailande, Turquie -, l'Afrique - Afrique du Sud, Egypte -, les pays de l'ancien glacis soviétique - Russie, Bulgarie, Ukraine, Pays baltes, et maintenant, de manière simultanée, quasiment tous les pays d'Europe occidentale - Grèce, Espagne, Portugal, France, Grande-Bretagne, Belgique, Allemagne, etc... Le prolétariat du monde entier, et particulièrement de son coeur historique, l'Europe occidentale, reprend le chemin du combat de classe. Ces luttes se développent en réponse aux attaques massives que le capitalisme en crise aigüe est obligé de porter contre la classe exploitée. La soi-disant reprise économique n'est qu'un leurre, un mensonge de plus, que la réalité quotidienne - et bien souvent aussi les chiffres mêmes des statistiques de la bourgeoisie - vient démentir. Il en est de même pour la fausse bonne santé économique des pays dits "émergents"(1). La Chine - et avec elle le Brésil -, si souvent mise en avant comme exemple, connaît une situation économique de plus en plus "contradictoire" du point de vue capitaliste et misérable pour la classe ouvrière. A tout moment, ce pays peut exploser, tant au plan économique que social, et les luttes ouvrières massives et violentes se multiplient(2). Ce développement simultané des luttes ouvrières au plan international pose la question de la perspective de "l'internationalisation" de ces luttes. Il indique que nous sommes entrés dans un processus qui mène à des confrontations de classes généralisées et historiquement cruciales.

Ce processus se confronte aujourd'hui aux obstacles que l'appareil d'Etat capitaliste met sur sa route. En premier lieu, les manoeuvres et les sabotages des syndicats qui sont de plus en plus obligés d'utiliser une fausse division interne entre les directions et une "base" plus radicale. Les premières organisent des journées d'action, grèves et manifestations nationales, qui visent à occuper le terrain, à limiter au maximum l'éclatement de luttes ouvertes et à étouffer toute prise en main directe par les ouvriers de celles-ci et particulièrement de leur extension et unification contre l'Etat. La pression et la combativité ouvrières croissantes ne pouvant être contenues par ces seules journées, le syndicalisme de base "accompagne" (quand il ne les organise pas lui-même) les "débordements", les actions plus radicales, les grèves "sauvages" - c'est-à-dire celles qui, à juste raison, ne respectent pas les lois bourgeoises qui fixent le soit-disant "droit" de grève - ; les manifestations qui ne veulent pas être des balades syndicales inoffensives et qui s'emparent de la rue, les piquets de grève et de blocage des entreprises, etc. Il "accompagne" aussi tous ces mouvements sociaux en muselant les assemblées générales qui se veulent indépendantes des syndicats avec les "comités" et autres "coordinations" qu'il contrôle- les "AG interprofessionnelles" se sont multipliées en France ces derniers temps, parfois à l'initiative des ouvriers eux-mêmes, plus souvent à l'initiative des gauchistes et syndicalistes de base - pour finalement chercher à les détourner de leur fonction et de leur but. Malgré ces obstacles, la combativité et les luttes ouvrières se maintiennent cherchant leur voie par de multiples moyens et dans un apparent "désordre" qui n'est que le processus même de la lutte des classes, et plus particulièrement celui de la grève de masse décrit en son temps par Rosa Luxemburg.

" Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire [Russe], tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux ; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre, c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants". Bien qu'il ne s'agisse pas encore de mouvements sociaux du niveau de ceux de 1905 en Russie, c'est quandmême le processus de la grève de masse qui se développe actuellement à l'échelle internationale et tout particulièrement en Europe occidentale et qui va poser à terme les questions de la généralisation et de l'unification des combats ouvriers. Si ce processus est, aujourd'hui, encore loin de s'exprimer à travers un mouvement qui remet ouvertement en question le capitalisme, il n'en reste pas moins vrai que, comme le précise Rosa Luxemburg: "La grève de masse est bien plutôt un terme qui désigne collectivement toute une période de la lutte de classes s'étendant sur plusieurs années, parfois sur des décennies".

Mais déjà, nous pouvons affirmer que, rarement dans l'histoire, nous avons connu une situation telle que celle qui se profile devant nous à partir d'aujourd'hui et qui réunit autant de conditions objectives et subjectives pour que ce processus s'épanouisse : la marche inexorable et sans retour de la crise économique (signant la faillite historique définitive du système capitaliste) s'accompagne d'un enfoncement inéluctable du prolétariat mondial dans la plus grande des misères et d'un développement de la barbarie guerrière capitaliste qui annonce et permet la préparation, par la classe dominante, d'un nouvel holocauste généralisé ; mais ces insupportables conditions permettent, cependant, à la classe ouvrière, partout, d'affirmer de plus en plus sa colère et son refus des politiques bourgeoises, et favorisent le développement de ses propres expériences de lutte et de sa conscience de classe mise à mal depuis une vingtaine d'années.

D'ailleurs la bourgeoisie ne s'y trompe pas et ne cesse de s'y préparer au niveau international. Ce sont les mêmes stratégies qu'elle instaure volontairement et développe partout pour faire face au danger prolétarien. Elle se donne tous les moyens (notamment grâce à ses syndicats et à ses médias) pour retarder, disperser, saboter les ripostes ouvrières et surtout pour empêcher leur généralisation et leur unification conscientes par delà les divisions corporatistes et même nationales ; en d'autres termes, elle fait tout, dès aujourd'hui, pour faire avorter le processus qui s'est ouvert.Actuellement, par exemple, un peu partout (surtout en Europe et en Amérique du nord) et en utilisant exactement les mêmes moyens, elle adapte son appareil politique à l'aggravation des contradictions de classes. Ainsi, à travers la publicité qu'elle fait aux "oppositions extrémistes" de la gauche comme de la droite, elle s'arme spécifiquement contre la classe ouvrière : avec la première "opposition", elle vise à couvrir le flanc social, celui des luttes ; quant à la deuxième, elle lui sert d'épouvantail afin de détourner l'attention des ouvriers vers la prétendue cause de "la démocratie en danger" et, par là, les enchainer derrière la défense de l'Etat démocratique. Nous revenons dans ce bulletin sur ce phénomène dans notre article, Partout la bourgeoisie prépare son appareil d'Etat pour contrer le prolétariat en lutte.

Mais, dans la perspective des confrontations massives inévitables qui murissent déjà, la bourgeoisie ne peut se contenter de seulement entraver le développement des luttes ouvrières et de la conscience de classe dans les grandes masses ouvrières. Elle s'attaque aussi directement au plan politique et idéologique aux avant-gardes politiques du prolétariat, c'est-à-dire aux forces communistes. Celles-ci sont déjà affectées par la dispersion et le sectarisme, ce qui aujourd'hui handicape la réaction ouvrière et le rapport de forces historique entre prolétariat et bourgeoisie. La pression de l'idéologie bourgeoise au sein du camp politique prolétarien est une constante qui justifie le combat permanent qui doit être mené contre les diverses manifestations de l'opportunisme politique. L'actuel CCI, dans sa course folle et apparemment sans frein dans cette voie, tente actuellement un véritable coup de force pour introduire l'anarchisme comme une composante à part entière du camp révolutionnaire, voire même comme l'alter-ego de la Gauche communiste! Outre que ceci ne peut que précipiter la liquidation, déjà bien engagée, de cette organisation et sa perte définitive comme organisation communiste, l'acceptation passive, le silence par les autres forces du camp prolétarien, sur les révisions théoriques et politiques par le CCI représenterait un handicap considérable pour le prolétariat dans la perspective des confrontations massives de classes. Comme moment particulier de ce combat, le lecteur trouvera dans ce bulletin la lettre ouverte que nous adressons à l'ensemble des militants du CCI. Et nous appelons tous les groupes communistes et tous les sympathisants de la Gauche communiste, au premier chef du CCI lui-même, à intervenir et à s'impliquer dans ce combat(3).

Bien évidemment, nous ne limitons pas à cette seule dimension, même si elle est pour nous fondamentale, l'action des groupes communistes. Leur intervention est tout aussi importante dans le développement des luttes ouvrières et le processus de grève de masse dans lequel nous sommes entrés. A ce jour, leur dispersion et leurs hésitations politiques n'ont pas permis que cette intervention soit à la hauteur, non pas du nécessaire vis-à-vis de la classe, mais de leurs forces politiques et militantes. Pourtant, à partir de l'histoire et des positions politiques qu'ils partagent, ils ont les moyens et la possibilité de parler d'une seule voix dans les combats d'aujourd'hui et de demain. Leur existence n'a de sens que pour cela.

31 Octobre 2010.

Fraction de la Gauche communiste internationale

http://fractioncommuniste.org/

(1) Autre exemple parmi d'autres encore d'un ex-"tigre" asiatique maintes et maintes fois vanté : Singapour a vu son PNB diminuer de 19%

(2) Source : yahoofinances, 14/10/2010

(3) Nous sommes prêts à reproduire sur notre site et dans notre bulletin toute contribution et intervention de groupe ou d'individus.